Rhétorique du matériel, corporéité et inégalité sociale. Une réflexion sur les représentations du « phénomène du pillage » de biens culturels

Cristana Panella

Musée royal de l’Afrique centrale, Tervueren, Belgique

Dans les dernières années, les héritage studies ont été confrontés au passage d’une conception matérielle du patrimoine culturel, basée sur le pouvoir formel des objets et sur le monopole du principe de visibilité, à une dimension sociale. Celle-ci s’est orientée sur les rapports d’inégalité imbriqués dans la gestion et la représentation nationales et internationales du patrimoine culturel à travers la remise en question du principe de préservation qui sous-tend le monopole de la matérialité au bénéfice du principe d’interaction. La circulation de la culture matérielle dans des sphères de valeurs et d’échange hétérogènes (milieu académique, musées, marché de l’art, politique) constitue ainsi le fil conducteur théorique d’une réflexion biopolitique sur les pratiques de réification des objets et des individus.

Dans ce contexte, ma communication propose une analyse du discours publique sur le ‘pillage’ du patrimoine culturel à travers la confrontation entre la ‘réthorique du matériel’ de l’Etat (législation, traces, ‘corpus delicti’, différenciation sociale) et la corporéité des actes de production et de la mémoire engagés par les paysans-fouilleurs dans les filières du commerce d’objets anciens, dans le cas spécifique, au Mali (éthique individuelle, parcours de héroïsation, mémoire du risque).

Cette approche ‘par le bas’ du patrimoine culturel se relie à une théorisation plus vaste de la création politique de l’illégalité et des interactions entre économies opaques et officielles.

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