Regards croisés sur le pillage et la restitution des biens culturels africains

Fallo Baba Keita

Ecole du patrimoine africain, Porto-Novo, Bénin

Le phénomène du pillage et du trafic illicite des biens culturels, sous ses formes les plus diverses, a frappé les peuples à différents endroits du monde depuis des siècles, les privant ainsi d’une partie de leur mémoire qui les aurait sans doute aidés à se faire mieux comprendre des autres.

Le continent africain a payé un des plus lourds tributs face à ce phénomène complexe, notamment depuis le début de l’ère coloniale, marquée par une spoliation accrue des biens culturels à travers plusieurs sources dont les expéditions punitives, les campagnes et missions de nature et de motivation variées.

Cinquante ans après leur accession à la souveraineté internationale, la situation du pillage des biens culturels et du trafic illicite reste encore très préoccupante dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Une situation aggravée par la relative faiblesse des cadres administratifs et juridiques de gestion du patrimoine, la porosité des frontières des états, l’instabilité politique et la multiplication des foyers de tensions sociales sur le continent.

Les différentes conventions et traités internationaux adoptés sur le sujet, telle la Convention de la Haye (1954), élaborée sous l’égide de l’UNESCO et les mouvements engagés au début des années 70 en faveur du retour ou la restitution des biens culturels aux pays d’origine ont aujourd’hui un impact limité sur l’amélioration de la situation. La question du pillage et de la restitution du patrimoine culturel et anthropologique africain mérite donc une réflexion toute particulière.

En effet, outre les arguments juridiques, techniques, muséographiques et éthiques avancés pour ou contre le retour et la restitution des biens culturels, c’est la question même de la mémoire des biens en question qui se pose avec acuité, notamment à travers les nombreux questionnements que suscite le contexte actuel lié à la gestion des biens dans les pays concernés. Il s’agit, entre autre, de l’état de la mise en place des inventaires nationaux du patrimoine, et des connaissances, par les institutions muséales, des biens culturels devant faire l’objet de retour ou de restitution. On pourrait aussi citer la place réservée aux débats de fond sur les enjeux actuels de la restitution et l’intérêt des jeunes générations par rapport à la question du retour des biens… Autant de questions qui alimenteront la réflexion et feront l’objet d’une analyse critique dans ma présentation pour une vision plus globale et partagée de la situation aujourd’hui.

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