Les banques culturelles du Mali, un exemple de gestion locale du patrimoine

Anne Mayor

APA, Univ. de Genève

Daouda Keita

FLASH, Univ. Bamako et APBC

Le problème du pillage des sites archéologiques et de la vente illicite de biens culturels est particulièrement important au Mali depuis quelques décennies, malgré les mesures législatives, douanières et institutionnelles mises en œuvre par le gouvernement. L’une des solutions parallèles imaginées pour freiner cet appauvrissement culturel est de créer des structures décentralisées au service de la communauté rurale et gérées par elle, développant tant des actions de préservation et de valorisation du patrimoine culturel, que des activités génératrices de revenus. Ces structures nouvellement créées au Mali, appelées « banques culturelles », se présentent comme des institutions villageoises ou communales regroupant à la fois un musée, une caisse de micro-crédit et un centre culturel. Elles ont ainsi pour ambition de favoriser le développement socio-économique d’une communauté rurale par le biais de la culture.

Prenant exemple sur la première expérience de Fombori en Pays dogon, ainsi que sur deux projets pilotes financés par la banque mondiale dans le sud du pays, nous avons créé en 2007 une banque culturelle dans la Commune rurale de Dimbal, en Pays dogon, en collaboration avec la Mission culturelle de Bandiagara et l’association pour la promotion des banques culturelles au Mali. Nous tenterons ici de dresser un bilan de son fonctionnement et des effets des activités de sensibilisation de la population sur la protection des biens culturels menacés et sur la sauvegarde de savoirs locaux en voie de disparition. Le récent sauvetage du toguna de Sadia, rendu possible grâce au soutien de l’Office fédéral de la culture, servira d’exemple pour illustrer cette problématique.

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