Pillage et gestion du patrimoine culturel au Niger

Oumarou Idé

Institut de recherches en sciences humaines, Niamey, Niger

Le pillage et la gestion du patrimoine culturel sont une équation complexe pour tous les spécialistes du patrimoine culturel africain. En effet, dans la plupart des pays africains, le patrimoine archéologique est menacé de disparition. Vol d’objets ou de collections d’objets archéologiques, fouilles clandestines et pillage des sites archéologiques ne facilitent guère la préservation du patrimoine archéologique du berceau de l’humanité. Ces objets volés et pillés sont drainés quotidiennement vers les collections, les galeries et les musées des pays du Nord. C’est ce que d’aucuns qualifient de « trafic illicite des biens culturels ».

Ainsi, à l’instar de tous les pays du sud, le Niger connaît d’énormes difficultés pour protéger du pillage, de la dégradation naturelle et accidentelle une bonne partie de son patrimoine culturel notamment archéologique. Si les objets ethnographiques ont en effet été d’une manière générale préservés, il n’en a pas toujours été le cas pour le matériel archéologique dont l’intérêt scientifique et la valeur marchande ont dépassé, ces derniers temps, les frontières nationales de beaucoup de pays de la sous région et du Niger.

La situation du patrimoine archéologique national se caractérise par un pillage des sites et un trafic des objets archéologiques sans précédents dans l'histoire du Niger. La détérioration de la situation est telle que notre pays est actuellement la plaque tournante du trafic illicite des biens culturels de toute la région ouest-africaine. Face à la persistance de ce phénomène, il y a lieu de se poser quelques questions :

Nous pouvons sans aucun doute affirmer oui, aux deux premières questions. En réalité, le Niger accorde beaucoup d’importance à son patrimoine culturel. C’est pourquoi, les différents gouvernements ont favorisé la mise en place de services et infrastructures pour la sauvegarde et la mise en valeur de ce patrimoine. En effet, Plusieurs structures nationales (Ministères, Services centraux, Administrations diverses etc.…) se trouvent d'une façon ou d'une autre impliquées dans la gestion des questions du patrimoine. Mais, il manque une réelle coordination des activités de ces différentes structures dans la préservation et la mise en valeur de ce patrimoine culturel.

C’est ce qui constitue une réponse évidente à notre troisième question. Cette mauvaise gestion est à nos yeux, une des raisons qui justifient la persistance du pillage du patrimoine culturel du Niger. A cela, il faut ajouter l’ignorance des populations et des pouvoirs publiques, la pauvreté, l’appât du gain, la puissance financière des réseaux d’antiquaires et la porosité des frontières.

Dans tous les cas, pillage et gestion du patrimoine culturel riment avec la responsabilité de tous les acteurs. Ce patrimoine culturel en proie au pillage n’est pas seulement nigérien, sub-saharien ou africain. Il est le patrimoine culturel de l’humanité toute entière. Sa destruction ne profite qu’à quelques marchands locaux et étrangers. Mais, les conséquences de ce pillage, au-delà du Niger, sont néfastes pour la connaissance de l’Histoire ou pour la science.

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